Automates, robots, cyborgs, le cinéma et la littérature foisonnent de ces êtres à la fois effrayants et fascinants. C’est que les êtres artificiels, souvent monstrueux, manifestent toute l’ambiguïté de la relation que l’homme entretient avec la science et la technique. En abordant les différentes représentations de l’être artificiel, nous circonscrirons les contours théoriques de la notion de figure, en tant qu’objet de pensée et objet pour penser.
Nous débuterons notre réflexion par une étude de l’œuvre de Mary Shelley, Frankenstein (1818), puisque la créature de Frankenstein est à l’origine de toutes les représentations subséquentes d’êtres créés par l’homme. À la même époque, E.T.A. Hoffmann construit dans L’homme au sable un autre personnage hybride et inquiétant : l’automate. Ces deux grandes figures du fantastique du XIXème seront des influences majeures pour représenter les relations de l’homme à la technique tout au long du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui. En témoigneront les multiples adaptations cinématographiques du roman de Shelley : celles de Dawley en 1910, de Whale en 1931 ou de Branagh en 1994, pour n’en citer que quelques-unes, mais aussi l’avènement de nouvelles figures d’êtres artificiels comme le robot et le cyborg. Ces dernières seront abordées à travers l’étude d’un corpus intégrant œuvres littéraires et cinématographiques : de la pièce fondatrice de Karel Capek R.U.R (1920) et Metropolis (1927) de Fritz Lang en passant par Blade Runner (1982) de Ridley Scott, RoboCop (1987) de Paul Verhoeven et Terminator (1984) de James Cameron.